L’harmonie est une forme d’intuition, et peindre est pour moi une expérience poétique. 

Je ne pense pas pouvoir créer sans ces repères qui me sont propres, liés à ma perception du monde et la projection que j’en fais.

J’utilise une technique à base de peinture acrylique, de pigments naturels, brous de noix, des vernis et beaucoup d’eau.

La toile est tendue sur un support en bois puis lorsque le processus est terminé, elle retrouve son châssis.

Proche de l’écriture ou d’une ligne mélodique, le trait me conduit, tel un fil d’Ariane pour me guider à travers un voyage imaginaire.

Ce geste intuitif devient alors la seule référence à la forme, au plein.

Ainsi le trait qui sépare, qui théâtralise l'espace, devient aussi un lien, une union, un pont entre deux rivages.

Ce geste pourra être saccadé, humble ou affirmé avant de disparaitre.La couleur apparaitra lentement par glacis, fondus, patines créant des séquences plus ou moins denses, suggérant ainsi de la force, de la lumière ou tout simplement un apaisement.

J’ai intitulé ma dernière exposition « L’érosion des certitudes » allant dans le sens de l’ouverture au questionnement du regard et à l’ajustement permanent des techniques et du geste pictural.

Je ne peins pas pour affirmer une vérité mais juste pour créer un espace qui n’existait pas et qui deviendrait une évidence.

J’aime beaucoup cette phrase de Baudelaire touché au coeur par la musique de Richard Wagner:               

          ‘ Cette musique était la mienne et je la reconnaissais comme tout                                          homme reconnait les choses qu’il est destiné à aimer’.